Turbulent Sahel / Le Sahel s’agite – Dr Mohamed AMARA
27 June 2024
Video available on YouTube (French/ Slovenian): https://youtu.be/xZFf9vUXJqA
Introduction by Amb. Marjan Šetinc
Ladies and Gentlemen, Excellencies,
As I mentioned in the cover letter for today’s discussion, Africa is only marginally present in the discussions of the Slovenian Association of International Relations (SDMO). Today, however, we have a guest from one of Africa’s most troubled regions, Dr. Mohamed Amara from the University of Bamako, the capital of Mali.
I warmly welcome him among us. The discussion will be moderated by Marjan Šetinc, President of the Slovenian Association of International Relations.
First of all, a few introductory words on today’s topic. The Sahel is a special geographical and climatic zone of territory between the Sahara to the north and the savanna to the south, spanning Africa from Eritrea on the Red Sea to Senegal on the Atlantic Ocean and covering an area of over 3 million square kilometers. The countries traversed by this climatic and geographical zone cover about 7 million square kilometers with a population of 170 million people, most of whom live in the Sahel climate zone. The majority of this region, except for Sudan, Gambia, and Guinea-Bissau, was a French colonial territory, and the countries that gained independence in the 1960s retain their Francophone orientation/identity. Little is known about the empires that existed here before the arrival of the French, but more is known about the colonialism that divided this region in the 1960s into the current countries of Senegal, Mauritania, Mali, Niger, Chad, Burkina Faso…and severed some historical ties.
The instability in these countries can certainly be attributed to the legacy of France’s colonial and post-colonial policies. By interfering in the political, security, economic (exploitation of natural resources), and social structures of these countries, France maintained a form of clientelism and powers favorable to it, often with corruptive practices and/or creating friction between the peoples of these countries. Which has become one of the main triggers of conflicts and coups in these countries. Thus, the term “The belt of coups” is attributed to this region. Today, we have the military in power in six countries in the region: Mali, Chad, Niger, Burkina Faso, Guinea, Sudan.
Maybe I am exaggerating by asking if this is not an unfinished decolonization? That iwe can talk about breaking the colonial ties that have so deeply linked these countries to Paris, London… This is a conclusion that I could conclude from the recent withdrawal of French and American troops from Niger, and before that from Mali, as well as last year’s proclamation of French as the “working language” alongside the 13 national languages in Mali.
Once again, I welcome today’s guest, Dr. Mohamed AMARA, who teaches politics at the University of Bamako and whose work focuses on democracy, citizenship, social inequalities, injustices, and narco-terrorism. He is also a researcher at the Max Weber Center in Lyon and the author of several works, including:
“Marchands d’angoisse, Le Mali tel qu’il est, tel qu’il pourrait être” (Ed Grandvaux, 2019)
“Le Mali rêvé” (L’Harmattan, 2015)
“L’Automédiatisation, une autre forme de communication sociale” (L’Harmattan, 2013)
Upcoming in Autumn 2024: “Des mariages et des rêves”
It is with great interest that I give the floor to Dr. Mohamed Amara, and at the same time, I ask the Afro-Slovenian, Ibrahim Nouhoum, to translate.
LE SAHEL S’AGITE
27 Juin 2024
L’introduction par Amb. Marjan Šetinc
Mesdames et Messieurs, Excellences
Comme je l’ai écrit dans la lettre d’accompagnement du débat d’aujourd’hui, l’Afrique n’est que marginalement présente dans les discussions de l’Association slovène des relations internationales (SDMO). Cette fois-ci nous avons un invité de l’une des régions les plus troublées d’Afrique, le Dr Mohamed Amara de l’Université de Bamako, la capitale du Mali.
Je lui souhaite chaleureusement la bienvenue parmi nous. La discussion sera modérée par Marjan Šetinc, président de l’Association slovène des relations internationales .
Tout d’abord, quelques mots d’introduction sur le sujet d’aujourd’hui.
Le Sahel est une zone géographique et climatique spéciale de territoire entre le Sahara au nord et la savane au sud, qui traverse l’Afrique de l’Érythrée sur la mer Rouge jusqu’au Sénégal sur l’Océan Atlantique et couvre une superficie de plus de 3 millions de kilometres carrés. Les pays traversés par cette zone climatique géographique couvrent environ 7 millions de kilomètres carrés avec une population de 170 millions d’habitants, la plupart de ces habitants vivent dans la zone climatique du Sahel. La majeure partie de cette région, à l’exception du Soudan, de la Gambie et de la Guinée-Bissau, était un territoire colonial français et les pays qui ont accédé à l’indépendance dans les années 1960 conservent leur orientation/identité francophone. On ne sait pas grand-chose des empires qui existaient ici avant l’arrivée des Français, mais on en sait un peu plus sur le colonialisme qui a divisé cette région, dans les années 60 du 20ème siècle, entre les pays actuels du Sénégal, de la Mauritanie, du Mali, du Niger, du Tchad, du Burkina Faso…et couper certains liens historiques.
L’instabilité dans ces pays peut certainement être attribuée à l’héritage des politiques coloniales et postcoloniales de la France.
En s’immisçant dans les structures politiques, sécuritaires, économiques (exploitation des ressources naturelles) et sociales de ces pays, la France a maintenu une sorte de clientélisme et des pouvoirs qui lui sont favorables meme avec des pratiques de corruption ou la création des contradictions entre les peuples de ces pays . Ce qui est devenu l’un des principaux déclencheurs de conflits et de coups d’État dans ces pays (à l’instar des Britanniques au Soudan).
Ainsi, le terme ”La ceinture de coups d’État” y est attribué. Aujourd’hui, nous avons l’ armée au pouvoir dans six pays de la région : Mali, Tchad, Niger, Burkina Faso, Guinée, Soudan.
Peut-être que j’exagère, en me demandant si ce n’est pas une décolonisation inachevée ? Qu’il s’agit désormais de rompre les liens coloniaux qui ont si profondément lié ces pays à Paris, Londres…C’est du moins ce que je pourrais conclure du récent retrait des troupes françaises et américaines du Niger, et avant cela du Mali, ainsi que de la proclamation l’année dernière du français comme « langue de travail » et des 13 langues nationales au Mali.
Une fois de plus, je souhaite la bienvenue à l’invité d’aujourd’hui, le Dr Mohamed AMARA, qui enseigne la politique à l’Université de Bamako et dont les travaux portent sur la démocratie, la citoyenneté, les inégalités sociales, les injustices, le narcoterrorisme, il est également chercheur au Centre Max Weber de Lyon, et l’auteur de plusieurs ouvrages, dont les suivants :
– Marchands d’angoisse, Le Mali tel qu’il est, tel qu’il pourrait être (Ed Grandvaux, 2019)
– Le Mali rêvé (L’Harmattan, 2015) – L’Automédiatisation, une autre forme de communication sociale (L’Harmattan, 2013)
– A paraitre à l’automne 2024 : des mariages et des rêves
C’est avec beaucoup d’intérêt que je donne la parole au Dr Mohamed Amara, et en même temps je demande à l’Afro-Slovène, Ibrahim Nouhoum, de traduire.